Dans la nuit ton visage se transforme
D’une amie tu deviens poison
Je tire la lame Sur le métal
Le reflet de tes dents aiguisées
Je découpe le nœud
Et je dis adieu
Mots acides chuchotés secrètement Adieu
Rires tranchants Adieu
Duels silencieux Adieu
Règles sororales Adieu
Dans mes gestes, les manières
Ton souffle exaspéré Adieu
Sur mes doigts, la pommade
Ta supériorité Adieu
Misogynie infusée Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu Adieu
Regarde
Au-dessus de nous un spectacle
Une course d’étoiles filantes
Ce sont des fusées transportant nos souvenirs
Elles portent la mémoire
Des échos de l’enfance
N’oublie pas Adieu </3
Présentation du texte Adieu
Dans ce texte, lorsque je dis adieu, je m’adresse à une amie imaginaire qui représente symboliquement toutes les amitiés dysfonctionnelles que j’ai connues. Je fais mes adieux non seulement à cette amie fictive, mais aussi à toutes les relations toxiques et à la misogynie intériorisée qui ont marqué mon parcours.
Je voulais parler de la jalousie silencieuse et la misogynie intériorisée qui peut parasiter les relations entre femmes et plus spécifiquement dans les milieux queer et féministes. Ces comportements sont d’autant plus troublants qu’ils vont à l’encontre des valeurs de solidarité et de soutien qui sont normalement prônées dans ces communautés. Il est d’autant plus violent de sentir cette violence de la part de ses pairs mais de ne pas être autorisée à la nommer, car sujets ne sont pas vraiment intégrés aux règles de la sororité. Pourtant, c’est quelque chose qui m’a profondément affectée dans mes relations amicales.
D’autre part, je remarque que la biphobie est souvent liée à une forme de misogynie intériorisée. L’expression de genre féminine est perçue comme une menace par certaines communautés queer, étant considérée comme une imposture provenant du monde hétérosexuel pour détourner les femmes des véritables lesbiennes. L’expression de genre féminine est souvent perçue comme non-queer. Dans certaines communautés, être lesbienne implique une remise en question de son expression de genre.
D’une manière plus générale, au sein des cercles militants, l’adoption d’une présentation féminine, que ce soit à travers la présentation physique ou la gestuelle, peut être perçue non seulement comme superficielle ou naïve, mais aussi comme contradictoire aux idéaux militants.
Malgré tout, à la fin du texte, je revis des souvenirs et laisse transparaître une lueur d’espoir. Quand je dis « N’oublie pas », c’est pour rappeler à cette personne que derrière toutes les contraintes imposées par le patriarcat, notre amitié existait, pure et simple. Nous étions simplement deux êtres humains qui s’appréciaient.
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